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Le baptême de Clovis

Dernière mise à jour : 26 juin 2020

Les Mérovingiens entre dans la légende

Dans ce nouvel épisode des mystères de l’histoire nous lèverons le voile sur l’énigmatique conversion de Clovis. Ce grand roi est connu de tous, notamment par l’anecdote du vase de Soissons ou encore par le récit de son baptême. Mais comment a-t-il prit la décision de se convertir au catholicisme ?


Issue de la grande lignée des Mérovée, famille détenant le « Mund » (pouvoir magique étant dans les cheveux, ce qui explique leur longue chevelure), Clovis est choisi comme chef guerrier du royaume des Francs. Le nouveau chef est un illustre guerrier qui mène à multiples reprises son peuple à la victoire, démontrant ainsi son pouvoir et sa légitimité. Quinze ans après son accession au trône, il reçoit un appel à l'aide de son homologue, le roi des Francs rhénans, qui est menacé par les Alamans. Clovis lui vient alors en aide et attaque les Alamans qui assiègent son allié dans la place forte de Tolbiac, près de Cologne.

Le baptême de Clovis est considéré comme un évènement majeur de l’histoire de France, c’est pourquoi l’archevêque Grégoire de Tours, le relate dans un livre intitulé Historia Francorum, écrit environ cent ans après la bataille de Tolbiac, qui a eu lieu en 496. La date du baptême quant à elle n’est pas sue avec certitude. Cependant de la manière dont l’auteur relate les faits, il semblerait qu’il ait eu lieu courant 496. Or les travaux des historiens affirment que le baptême aurait eu lieu entre 506 et 508



Nous avons tous en mémoire les cours de primaire dans lesquels nous apprenions que Clovis a tout d’un coup décidé de se faire baptiser par l’évêque de Reims, Rémi. La raison de cette action ne nous était pas expliquée. Cela nous permettait simplement de comprendre pourquoi tous les autres rois se sont fait baptiser à leur tour. Pour expliquer la bataille de Tolbiac et la conversion de Clovis je prendrai appuie sur le récit de Grégoire de Tours, moine et chroniqueur. Sa religion influence ce qu’il relate. Son point de vue n’est absolument pas objectif, mais nous savons faire la part des choses !




Cette conquête royale, telle qu’elle est dépeinte, semble être menée par la foi de Clothilde. En effet, à l’époque à laquelle se situe le récit, Clovis est un roi de religion païenne. Contrairement aux catholiques, celui-ci croit que le Père et le Fils sont de même nature, ce qui différencie nettement les deux croyances. Néanmoins, son mariage avec la princesse Burgonde Clothilde, de confession catholique, va jouer un grand rôle dans sa conversion d’après Grégoire de Tours. Clothilde apparaît ici en sainte catholique qui prêche à l’oreille de son époux la « véritable » parole de Dieu, qui semble déjà avoir un lien avec l’issue du combat. Malgré les bonnes paroles de la reine Clothilde, le combat prend un tournant funeste : « […], guerre au cours de laquelle il fut poussé par la nécessité à confesser ce qu’il avait refusé de faire auparavant volontairement. Il arriva en effet que le conflit des deux armées dégénéra en un violent massacre et que l’armée de Clovis fut sur le point d’être complètement exterminée » (l. 4-5). On sait peu de choses sur la bataille dans ce que l’histoire a retenu. Ce qui est certain, est que les Francs étaient en infériorité numérique par rapport aux Alamans. L’auteur ne donne pas plus de détails sur les conditions si même sur le lieu du combat. Il se concentre sur le personnage de Clovis et sur sa soudaine envie de remettre son destin et celui des Francs entre les mains de Dieu, et plus particulièrement de Jésus Christ. Cette bataille est en quelque sorte l’explication de la conversion, c’est une amorce. Le chroniqueur décrit cette conversion comme la « dernière carte » à jouer du roi Franc. Il rappelle que Clovis a déjà invoqué « ses dieux » qui sont restés sourds à ses prières. La mise en scène de cet évènement est assez théâtralisée et paraît peu réaliste : « Ce que voyant, il éleva les yeux au ciel, et, le cœur empli de componction, ému jusqu’aux larmes […] ». Digne des plus grands films ! Cela fait un parallèle avec les récits biblique connu de tous le catholiques, comme lorsque Jésus reçoit la venue de Saint Esprit. L’évêque nous transmet le portrait d’un roi qui avant tout est un homme comme les autres. Il témoigne de ses faiblesses et de la peur qui l’envahi à un moment décisif pour son règne et pour l’avenir de son royaume. Le personnage du roi peut ainsi inspirer la sympathie de son peuple, qui le considère comme roi légitime par son caractère de chef guerrier, mais aussi parce que c’est un homme bon.



Cette invocation est une sorte d’ultimatum : s’il emporte le combat alors il se convertira sinon il restera païen. En insérant des paroles qui seraient celles que Clovis aurait prononcé, l’auteur tente de donner du crédit à son récit, et par la même occasion de montrer à ses lecteurs que le Dieu chrétien est miséricordieux et qu’il est prêt à tout pour venir en aide à ses fidèles contrairement aux dieux dits païens. Encore une fois, Grégoire de Tours fait de cette histoire un récit proche de ceux relatés dans la Bible et des récits d’empereurs romains comme Constantin. Etant un homme d’Eglise assez haut dans l’ordre clérical, Grégoire de Tours est un homme lettré qui sait lire et écrire. Il prouve aux yeux du monde que devenir catholique est quelque chose de formidable. C’est en quelque sorte une forme de propagande pour cette religion. De plus si le roi l’est devenu, cela influencera son peuple.


La victoire est miraculeuse telle qu’elle est décrite. Quand tout semblait perdu, une invocation de Clovis envers Jésus Christ et aussitôt le ciel s’éclaircit, tout est de bon augure pour lui. La manière dont Grégoire de Tours relate l’évènement prend la forme d’un conte ou d’un récit biblique, ce qui le rend moyennement fiable : « Comme il disait ses mots, les Alamans tournant le dos commencèrent à prendre la fuite » (l. 16). Il semble logique que rien ne se soit passé comme ça ! Mais c’est le seul récit qu’a retenu l’Histoire. L’imploration de Clovis envers Dieu afin que l’issue du combat lui soit favorable, fonctionne de manière assez soudaine et mystique. Ce texte promeut ainsi la religion catholique en diffusant un message très positif : en adhérant à cette religion Dieu sera de votre côté et vous aidera à emporter des batailles et ainsi à étendre votre pouvoir et votre empire. Que demande le peuple ! Néanmoins ce texte a dû avoir un grand impact sur la population du royaume Francs. Ce sont des histoires comme celles-ci qui maintiennent la foi des peuples envers leurs dirigeants. En effet, le pouvoir des rois barbares est fondé sur les origines de leur chef, mais aussi sur la potestas qui est le pouvoir de tuer, de punir et de forcer à obéir. Or, pour que celui-ci soit effectif, il faut que le roi soit légitime, qui possède l’auctoritas, et pour cela, il doit régulièrement remporter des victoires et démontrer qu’il est suffisamment digne, légitime, et qu’il est capable de garantir la paix et la sécurité dans son empire. Suite à cette victoire, les Alamans se soumettent ainsi à Clovis, le roi miraculé. Cependant, afin que la victoire de Clovis ne soit pas seulement due à la grâce de Dieu, Grégoire de Tours ajoute à la ligne 20 : « […], il avait mérité la victoire ». Cette phrase assure sa légitimité en tant que vainqueur du combat et non comme simple roi tellement désespéré qu’il a fait appel a Dieu, qui s’est ensuite chargé de le faire triompher. Ce paragraphe se termine par un indicateur temporel assez vague, il ne donne pas de date précise : « Ceci s’accomplit la quinzième d’année de son règne » (l.21). Comme nous l’avons rappelé plus tôt, Grégoire de Tours est décédé cent ans après la bataille de Tolbiac. Les informations en sa possession ne sont alors que des témoignages des descendants des soldats, ou des sources écrites rares, ce qui rend la possibilité d’écrire un récit fiable assez mince.



Le récit de Grégoire de Tours expose ainsi comment Clovis, roi des Francs saliens est devenu catholique. Cet évènement mystique semble faire partie intégrante du destin du roi. Cela permet également de diffuser un message positif sur la religion catholique: elle est la véritable religion, celle qui apportera la paix dans l’empire et assurera de multiples victoires. Il apparaît ainsi comme logique que tout le monde y adhère. La suite du texte relate comment la ville est en fête durant le baptême du roi. Cette célébration se fait en grande pompe et symbolise comme un renouveau dans les royaume des Francs.

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