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Hatchepsout, une femme devenue roi

Dernière mise à jour : 30 sept. 2020


Dans ce troisième épisode des Mystères de L’Histoire, nous allons lever le voile sur l’énigmatique Hatchepsout, cinquième souveraine de la XVIIIème dynastie égyptienne. Elle est la fille du pharaon Thoutmôsis Ier et de la Grande épouse Royale Ahmès. Son époux est Thoutmôsis II, fils de Thoutmôsis Ier et d'une épouse secondaire, Moutnofret I. Selon l'égyptologue James Henry Breasted elle est connue pour être la « première grande femme dont l'histoire ait gardé le nom ». Elle a régné entre 1473 et 1471 à 1458 environ av. J.-C. Mais comment y est-elle parvenue ? Comment une femme a-t-elle pu avoir un rôle d’ordinaire attribué à un homme ?

Un destin glorieux

Alors qu'Hatchepsout n’a que huit ou neuf ans, le pharaon Amenhotep Ier disparaît sans descendance. Son père Thoutmôsis devient alors roi. Hatchepsout démontre très vite une grande intelligence ainsi qu’une maturité peu commune aux enfants de son âge, c’est pourquoi son père décide de la préparer à assurer un grand rôle dans le royaume et l’associe à certaines fonctions royales.

Après la mort de son royal époux, Thoutmosis II, le fils de celui-ci, Thoutmosis III, est intronisé puis couronné roi de Haute et Basse-Égypte a seulement cinq ans. Hatchepsout devient alors régente du royaume en tant que Grande Epouse Royale de l’ancien roi. Cependant, il semblerait que de nombreux opposants menaçaient son trône, ce qui nécessita d’affirmer sa position. Elle fut ainsi couronnée. La reine a désormais toutes les prérogatives que possède un roi, et remplace ses attributs de reine par ceux de roi. Sa robe fourreau et sa couronne de reine deviennent un pagne court, le némès (coiffe des pharaons) et la barbe postiche. Certaine représentations officielles la présente avec des traits masculins, ce qui a entrainé de nombreux doute quant à son genre.

Une reine d’exception

Sur cette statue représentant Hatchepsout, nous pouvons observer qu’elle porte une coiffe réservée à la famille royale ainsi qu’à la haute noblesse, la couronne de la victoire et du triomphe royale, ainsi que la barbe et tous les attributs porté en temps normal par un pharaon et non une reine. Cela atteste du fait qu’elle est très importante et qu’elle occupe une place très haute dans la hiérarchie. Le choix du matériau n’est pas anodin. Le granite est une pierre extrêmement résistante. Cela symbolise alors un fort attachement et une fidélité de la part de ses sujets. Ceux-ci la considèrent comme une reine et un pharaon. Elle incarne les deux rôles. Elle peut totalement se reposer sur les grands administrateurs du royaume ainsi que les architectes. Son règne est marqué par une période

de paix qui a permis de grands travaux architecturaux.


Nous pouvons par ailleurs constater que sur la plupart des stèles elle est placée devant son mari. Une femme devant un homme !! Nous pouvons ainsi comprendre que son pouvoir et son autorité sont supérieures à ceux de son mari. Après la mort de celui-ci, elle fait reconnaitre son autorité au détriment de celle de son neveu qui n’a pas encore atteint la majorité. Cela pourrait expliquer le fait que vers la fin du règne de Thoutmosis III et le début du règne de son fils, Amenhotep II, une tentative a été faite afin d'éliminer le nom de la reine pharaon des documents et des monuments. Les images et les cartouches à son nom ont été martelées sur certains murs de pierre, ou recouvertes. Son nom a été effacé des registres royaux et certaines des statues à son effigie ont été décapitées, brisées, défigurées ou enfouies dans des fosses. Ce phénomène est appelé Damnatio Memoriae. Toutefois, certaines inscriptions attestant de la royauté d’Hatchepsout ont été ajoutée durant le règne de son neveu, ce qui soutire une part de l’autorité de celui-ci.


Cette reine est dépeinte comme un pharaon. Quelques documents la mentionnent au masculin, oubliant presque qu’Hatchepsout était bel et bien une femme. Seule la féminisation des mots et des verbes le rappellent. Sans cela, son sexe aurait été oublié et elle aurait été gardée en mémoire en tant que grand pharaon. Quand les égyptologues du XIXe siècle ont commencé à étudier les textes inscrits sur les murs du temple de Deir el-Bahari, leurs traductions ne leur ont pas semblé cohérentes. Le fait que des actes associé à un homme soient mêlé à une féminisation de certains mots leur semblait ne pas être logique. Jean-François Champollion ne comprenait pas la distanciation entre les mots et les images (stèles ou statues).

« Si j'éprouvai quelque surprise de voir ici et dans tout le reste de l'édifice le célèbre Moeris (Thoutmôsis III), orné de toutes les marques de la royauté, céder ainsi le pas à cet Aménenthé [Hatchepsout] qu'on chercherait en vain dans les listes royales, je dus m'étonner encore davantage, à la lecture des inscriptions, de trouver qu'on ne parlât de ce roi barbu, et en costume ordinaire de Pharaon, qu'en employant des noms et des verbes au féminin, comme s'il s'agissait d'une reine. En parcourant le reste de ces ruines, la même singularité se présenta partout »

Ainsi, cette grande femme a marqué l’histoire. Son existence est démontrée par les nombreuses constructions qu’elle a entreprises, et qui ont subsisté aux règnes de ses prédécesseurs. Redécouverte par les archéologues du XIXème siècle comme Champollion, son règne ne cesse de fasciner. La cause de sa mort reste inconnue.

Le 27 juin 2007 Zahi Hawass, secrétaire général des antiquités égyptiennes au Caire annonce que la momie de la reine Hatchepsout a enfin été retrouvée. L’identification a été permise par une dent retrouvée. La momie de la reine avait été déplacée de son tombeau officiel vers la modeste sépulture de sa nourrice. Cela s’apparante aux dessins de Thoutmosis III de faire tomber dans l’oubli sa régente. Malheureusement pour lui, il n’y est pas parvenu, et nous pouvons aujourd’hui découvrir la Grande Hatchepsout.

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